24 janvier 2013

Parloirs. Documentaire sur la réalité carcérale


Didier Cros : "Il y a en France une volonté de dissimuler la réalité carcérale"

De notre corps social en souffrance, Didier Cros s'efforce d'ausculter les points névralgiques. Là où ça grince, où ça coince ; là où, comme par hasard, les citoyens n'ont pas de droit de regard. Après La Gueule de l'emploi, documentaire très remarqué consacré à une session de recrutement pour une compagnie d'assurances, le réalisateur a pu – fait unique – circuler librement, pendant un an, dans le centre de détention de Châteaudun (Eure-et-Loir). Il en a tiré deux films : Sous surveillance, diffusé sur France 2 en juin 2012, primé au Festival international des programmes audiovisuels de Biarritz, et Parloirs, programmé sur la même chaîne, mardi 22 janvier à 22 h 15, dans "Infrarouge".


Entretien avec un documentariste qui veut "observer le système au travers des individus." "Ou plutôt, précise-t-il, l'impact du système sur les individus."

Comment votre projet de filmer en prison a-t-il été accueilli ?

France 2 a immédiatement manifesté son intérêt, notamment parce qu'on était sur un terrain inédit. La dernière fois qu'une caméra a pu pénétrer dans un parloir, c'était il y a une quinzaine d'années et pour une seule séquence. Ce qui en dit long sur les difficultés extrêmes à pouvoir tourner en prison... Il y a en France une volonté de dissimuler aux regards la réalité carcérale.
On a dû attendre près de deux ans avant de recevoir une autorisation – très restrictive – de l'administration pénitentiaire. Le directeur du centre de détention de Châteaudun a compris pour sa part que je n'étais pas là pour faire un film militant, mais pour chercher à rendre compte de la complexité du monde carcéral, dans une démarche raisonnée et sensible. Finalement, j'ai pu circuler librement dans cette prison pendant un an.

Comment avez-vous travaillé sur place ?

J'ai profité du temps qui m'était laissé pour construire du lien, aussi bien avec les surveillants qu'avec les détenus, en m'efforçant d'afficher une neutralité ; ce qui est très difficile dans un environnement où chacun est censé choisir son camp. J'ai passé trois mois, sans caméra, à naviguer des uns aux autres pour me faire accepter, puis trouver les personnages du film.

Comment les avez-vous choisis ?

De nombreux détenus étaient d'accord pour participer. La difficulté venait surtout des familles. Le système carcéral, la société dans son ensemble, leur font peser la responsabilité d'avoir un mari ou un fils en prison. Aussi leur est-il difficile d'accepter d'être reconnues comme telles à l'écran. Je souhaite, par ce film, rendre hommage à leur résistance, leur courage et leur abnégation. On remarquera par ailleurs ce que j'ai constaté : les femmes – en particulier les mères – sont très présentes au parloir, alors que les pères sont plutôt absents.

Vous avez finalement pu réaliser sur place un autre film, consacré aux surveillants, mais votre projet initial était "Parloirs". Pourquoi ce lieu ?

Il est beaucoup plus facile pour le spectateur de s'identifier à un visiteur qu'à un détenu, dont la parole n'est pas audible car jugée non valable. Par le biais des familles, le parloir permet donc au spectateur de se projeter dans la problématique carcérale. Ce qui restitue indirectement une part d'humanité aux détenus.
De l'extérieur, on imagine qu'il s'agit à chaque fois de retrouvailles, de moments de bonheur, alors qu'en fait c'est un espace de frustration. Le parloir montre à ceux qui sont incarcérés tout ce qui les sépare du monde extérieur, tout ce qu'ils ne vivent plus. Il est très difficile, dans ces conditions, d'arriver à maintenir un lien. D'autant que les détenus, taisant les choses lourdes qui se passent dans la prison pour ne pas inquiéter leurs familles, n'ont finalement rien d'autre à raconter qu'un quotidien répétitif. Leurs proches évitent eux aussi de leur raconter le poids de la solitude et les difficultés qu'ils rencontrent.
À cette frustration de la parole s'ajoute une frustration des corps. Les détenus ont été condamnés par la loi à être privés de liberté, et non pas de sexualité. C'est pourtant ce qui se passe dans la plupart des prisons – dont Châteaudun –, même si les petits arrangements pour acheter la paix sociale atténuent cette inhumanité.

Comment avez-vous géré vos relations avec les détenus et leurs proches ?

Je me dois de protéger les gens que je filme. Dans un parloir, espace intime de la parole en un moment difficile, surgissent des choses très profondes pour chacun. Il faut les manier avec respect et précaution. J'ai écarté des échanges qui étaient passionnants mais trop intrusifs.
Je suis rentré dans toutes ces vies bien plus loin que ne le prévoyait mon projet. Nos relations se sont construites dans tous les échanges que j'ai pu avoir avant le tournage, et se sont parfois prolongées après. Avec un film aussi délicat que celui-là, où les gens livrent une part d'eux-mêmes importante, je ne pouvais imaginer les laisser tomber une fois leur témoignage obtenu. Il s'en est suivi une sorte d'accompagnement, en fonction de la demande de chacun.

La présence de la caméra n'a-t-elle pas modifié ce que vous vouliez filmer ?

La caméra contribue toujours à changer l'environnement. Cela étant, une fois que la confiance est installée, elle peut ne pas être perturbante. Les gens qui s'expriment dans Parloirs ne sont pas dans la pose.
C'est la responsabilité de celui qui fait le film de chercher à distinguer comédie de soi et vérité, grâce à tous les entretiens menés en amont. C'est au montage que cette rigueur doit s'exprimer : un tri se fait, à partir de ce qu'on a cru comprendre des personnes qu'on filme, afin que soit restitué ce qu'on pense avoir réussi à capter d'elles-mêmes.
Il ne faut pas chercher l'exhaustivité mais la justesse. À ce titre, je me suis rendu compte que, bien souvent, ce sont ceux qui avaient d'abord refusé d'être filmés, en raison d'une méfiance – ô combien justifiée – vis-à-vis de la télévision, qui se sont révélés les plus intéressants. Le film a pu jouer un rôle de catharsis pour certains, qui y ont trouvé un moyen d'exprimer enfin leur malaise, leur souffrance.

Qu'est-ce qui vous a surpris dans cet environnement carcéral ?

Une chose qu'on oublie souvent : le bruit. C'est incroyablement bruyant, une prison. Les matériaux sont souvent de très mauvaise qualité, tout résonne : les portes qui se ferment, les clés, les pas. Toutes les télés – l'autre drogue du monde carcéral – ont leur volume à fond. Bien souvent les détenus hurlent pour se parler.
Cet environnement sonore participe beaucoup de la tension qui règne. À la fin d'une journée de repérage ou de tournage, je ressentais une forme d'épuisement, dont j'ai mis du temps à trouver l'origine.

Une diffusion à un horaire plutôt tardif est-elle le juste retour d'un tel travail ?

Si ça se limitait à cela, ce serait une frustration considérable. Mais il y a toute la partie non visible : les festivals et, surtout, toutes les projections suivies de débats citoyens, qui restituent la dimension d'utilité publique de ce genre de film.

Quels sont vos projets ?

Je souhaite faire un film sur un autre espace confidentiel : le conseil de discipline, qui cristallise la plupart des dysfonctionnements de l'école aujourd'hui. Lorsqu'il se réunit, c'est évidemment un échec de l'élève, mais c'est aussi un échec du système. Il y a certainement quelque chose de riche à entendre, d'autant que tous les acteurs sont autour de la table.

Propos recueillis par Jean-Baptiste de Montvalon (LeMonde.fr du 18/01/13)




19 janvier 2013

La situation au Mali. Décryptage


Carte animée : la situation au Mali décryptée... por lemondefr


Qui sont les Maliens de France ?

La communauté malienne de France est l'une des plus importantes diasporas d'Afrique noire de l'Hexagone. Elle compte environ 120 000 ressortissants, selon les chiffres relativement constants de l'ambassade du Mali. En Europe, c'est aussi en France que les Maliens sont les plus nombreux. La plupart vivent en région parisienne.


L'immense majorité des immigrés d'origine malienne viennent depuis les années 1960 de la région de Kayes, située à l'extrême Sud du Mali. Une région défavorisée et très aride, frontalière avec le Sénégal et la Mauritanie. Les transferts d'argent envoyés par ceux qui ont tenté "l'aventure" de l'émigration n'ont jamais permis de stopper les départs.
La voie traditionnelle d'arrivée des Maliens en France n'est pas la traversée de la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune. La plupart viennent par avion avec de faux documents ou avec des visas de tourisme d'une validité de trois mois. À leur arrivée, ils vont généralement gonfler la surpopulation des foyers de travailleurs.

RUCHE HUMAINE

Dans ces foyers, à chaque étage, chaque chambre, correspond souvent un village d'origine. Dans des pièces rarement plus grandes que 15 m2, il n'est pas rare que se serrent pendant des années jusqu'à six personnes. Les plus anciens ont le privilège de dormir sur les lits, les derniers arrivés doivent se contenter d'un matelas par terre (Le Monde du 19 juin 2010).
Le plus connu de ces foyers en région parisienne, est le foyer Bara de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Comme d'autres établissements de ce type, c'est une véritable ruche humaine. On y trouve des ateliers de couture, de réparation en tous genres, un lieu de prière, des petits étals de vente de cigarettes, de briquets, de chewing-gum...
Le foyer Bara est aussi le cœur politique historique de la diaspora malienne à l'étranger (plus d'un million de personnes selon l'OCDE, la plupart en Afrique). Les ministres maliens en visite à Paris manquent rarement l'occasion d'y faire une visite. La diaspora de France, bien plus que celle d'Espagne ou d'Italie, est pour eux un enjeu important en termes d'influence et de transferts d'argent.
Pour gagner leur vie quand ils n'ont pas de papiers, les migrants en France travaillent souvent avec ce que l'on appelle des "alias". Ils "louent" la carte de séjour d'un parent proche qui leur ressemble. L'employeur - à son insu ou pas – déclare alors la fausse identité du candidat. Les migrants partagent ensuite à la fin de l'année les impôts sur le revenu qui incombe à celui qui a prêté sa carte. Avec la crise et l'augmentation des contrôles cette pratique tend toutefois à se raréfier.
Les Maliens travaillent comme de nombreux sans-papiers dans la restauration, le bâtiment, la sécurité et le nettoyage. Les femmes elles, peuvent trouver à gagner leur vie comme nounou ou cuisinière dans les foyers (Le Monde du 18 juillet 2012). Ceux qui sont régularisés montent ensuite parfois leur propre petite société. Un certain nombre ont aussi intégré la fonction publique.
Comme toutes les diasporas, les Maliens sont organisés autour d'une myriade d'associations aux noms souvent semblables et plus ou moins marquées politiquement par rapport à l'échiquier malien. Preuve de l'intérêt du Mali pour sa diaspora, le pays s'est doté depuis 2004 d'un "ministère des Maliens de l'extérieur".
Par  Elise Vincent (LeMonde.fr du 18/01/13)

17 janvier 2013

Formation du passé simple et du subjonctif imparfait + temps composés correspondants

Par mégarde de ma part, sans doute, une erreur s'était glissée dans le document posté mardi dernier: les exemples censés expliquer la formation du plus-que-parfait du subjonctif correspondaient en fait au passé antérieur. Je ne m'étais pas rendu compte, mais je remercie l'élève qui s'en est aperçue.

7 janvier 2013

Le sens de la vie: comment trouver le bonheur et être heureux

Une petite animation qui rappelle les choses importantes de la vie. Quelques conseils simples mais efficaces.
 
Les illustrations et les légendes sont tirées du Livre "Be happy: A Little Book to Help You Live a Happy Life (2007) (Sois heureux: un petit livre pour vous aider à vivre une vie heureuse) par Monica Sheehan.
 
La musique est "Cuore di Sabbia" (Coeur de sable) par Pasquale Catalano, de la bande originale du film "Mine Vaganti" (2010) (Loose Cannons), réalisé par Ferzan Ozpetek.