19 janvier 2013

La situation au Mali. Décryptage


Carte animée : la situation au Mali décryptée... por lemondefr


Qui sont les Maliens de France ?

La communauté malienne de France est l'une des plus importantes diasporas d'Afrique noire de l'Hexagone. Elle compte environ 120 000 ressortissants, selon les chiffres relativement constants de l'ambassade du Mali. En Europe, c'est aussi en France que les Maliens sont les plus nombreux. La plupart vivent en région parisienne.


L'immense majorité des immigrés d'origine malienne viennent depuis les années 1960 de la région de Kayes, située à l'extrême Sud du Mali. Une région défavorisée et très aride, frontalière avec le Sénégal et la Mauritanie. Les transferts d'argent envoyés par ceux qui ont tenté "l'aventure" de l'émigration n'ont jamais permis de stopper les départs.
La voie traditionnelle d'arrivée des Maliens en France n'est pas la traversée de la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune. La plupart viennent par avion avec de faux documents ou avec des visas de tourisme d'une validité de trois mois. À leur arrivée, ils vont généralement gonfler la surpopulation des foyers de travailleurs.

RUCHE HUMAINE

Dans ces foyers, à chaque étage, chaque chambre, correspond souvent un village d'origine. Dans des pièces rarement plus grandes que 15 m2, il n'est pas rare que se serrent pendant des années jusqu'à six personnes. Les plus anciens ont le privilège de dormir sur les lits, les derniers arrivés doivent se contenter d'un matelas par terre (Le Monde du 19 juin 2010).
Le plus connu de ces foyers en région parisienne, est le foyer Bara de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Comme d'autres établissements de ce type, c'est une véritable ruche humaine. On y trouve des ateliers de couture, de réparation en tous genres, un lieu de prière, des petits étals de vente de cigarettes, de briquets, de chewing-gum...
Le foyer Bara est aussi le cœur politique historique de la diaspora malienne à l'étranger (plus d'un million de personnes selon l'OCDE, la plupart en Afrique). Les ministres maliens en visite à Paris manquent rarement l'occasion d'y faire une visite. La diaspora de France, bien plus que celle d'Espagne ou d'Italie, est pour eux un enjeu important en termes d'influence et de transferts d'argent.
Pour gagner leur vie quand ils n'ont pas de papiers, les migrants en France travaillent souvent avec ce que l'on appelle des "alias". Ils "louent" la carte de séjour d'un parent proche qui leur ressemble. L'employeur - à son insu ou pas – déclare alors la fausse identité du candidat. Les migrants partagent ensuite à la fin de l'année les impôts sur le revenu qui incombe à celui qui a prêté sa carte. Avec la crise et l'augmentation des contrôles cette pratique tend toutefois à se raréfier.
Les Maliens travaillent comme de nombreux sans-papiers dans la restauration, le bâtiment, la sécurité et le nettoyage. Les femmes elles, peuvent trouver à gagner leur vie comme nounou ou cuisinière dans les foyers (Le Monde du 18 juillet 2012). Ceux qui sont régularisés montent ensuite parfois leur propre petite société. Un certain nombre ont aussi intégré la fonction publique.
Comme toutes les diasporas, les Maliens sont organisés autour d'une myriade d'associations aux noms souvent semblables et plus ou moins marquées politiquement par rapport à l'échiquier malien. Preuve de l'intérêt du Mali pour sa diaspora, le pays s'est doté depuis 2004 d'un "ministère des Maliens de l'extérieur".
Par  Elise Vincent (LeMonde.fr du 18/01/13)

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